1/ En écoutant un peu à gauche et à droite (en regardant quelques vidéos sur les réseaux sociaux), certains (souvent blancs, et je vais arrêter de le préciser, parce que c’est évident) placent SHURI à la première place de leurs personnages préférés. Ils prennent SHURI pour une adolescente un peu fofolle, une espèce de geek féministe qui n’aurait rien à faire des traditions, des grands frères, et qui n’aurait – comme beaucoup de gens de son âge -, que l’autisme numérique des réseaux sociaux pour horizon.

SHURI a l’univers pour ultime frontière. Un univers qu’elle a à son entière disposition dans l’écrin mirifique du WAKANDA.

De façon générale, les femmes du WAKANDA – ses reines, princesses et guerrières – sont épanouies dans l’exercice même de leur pouvoir (elles sont le vrai pouvoir du WAKANDA), et il n’est pas étonnant que le système qui ne nous veut pas de bien cherche à les détourner du monde qu’elles fécondent, structurent et protègent.

Pourquoi iraient-elles à l’encontre des lois qu’elles incarnent (dans la culture africaine, les femmes sont les métaphores vivantes des plus puissantes divinités qui sont aussi les lois de l’univers : MAAT, ASET, SEKHMET, à savoir la justice, la vérité, l’équilibre, la haute spiritualité, la création et… la guerre) ?

Pourquoi éprouveraient-elles le besoin de « métisser » (acte qui est en grande partie l’expression de la haine de soi ?

Pourquoi iraient-elles livrer à la concupiscence et à la convoitise extérieures  un monde qu’elles enfantent et qu’elles dirigent, un monde qu’elles contrôlent et protègent?

2 / SHURI est une princesse du WAKANDA (je dirais même LA princesse du WAKANDA). Ce n’est pas une adolescente rebelle ou en crise infectée des poisons occidentaux de l’errance sans fin et des causes sans but. Elle ne recherche pas sa voie : elle la crée et l’accomplit. Elle ne se bat contre les traditions, elle les connaît parfaitement (voir les scènes de la falaise où elle vibre au rythme de ces traditions parce qu’elle en sait parfaitement le sens et les mystères.) Elle les modernise en son laboratoire.

Elle connaît les rites, les rituels et leur symbolisme. Ce ne sont pas des chaînes ou des contraintes. Elle n’est pas prisonnière d’un monde ou d’une société traditionnelle qui la séquestre et dont elle doit s’émanciper.

Elle connecte le passé au futur, étant entendu que pour les Noirs, passé, présent et futur sont le même temps. Ce qui s’appelle une continuité historique.

Elle est parfaitement équilibrée et n’éprouve aucun amour particulier, ni fascination pour le monde (occidental), si ce n’est une saine curiosité qui ne perturbe pas qui elle est et ce qu’elle est. Sa mission – qu’elle assume pleinement – est de donner naissance et de garantir la puissance du WAKANDA.

SHURI n’est pas prête à fuguer parce que son monde serait trop petit. Elle n’est pas prête à brader le WAKANDA pour un weekend à Coachella.

Elle a suffisamment d’intelligence (et pour tout dire, elle est pure intelligence) pour connaître et moduler la focale de l’ouverture au monde pour ne pas se perdre. Ce qui signifierait perdre la totalité de son peuple, et laisser le WAKANDA sans défense.

Qu’est-ce que le monde a à offrir qu’elle n’ait déjà ?

 

3/ Elle chahute et admire son frère – n’oublions pas que TCHALLA est lui-même un génie, créateur d’une nouvelle discipline qui s’appelle « Shadow Physics »

 

Il y a entre eux de l’amour et une émulation fraternelle, celle du sang et de l’intelligence. Dans notre paradigme, l’homme noir représente Dieu et la femme noire représente la Déesse.

C’est pourquoi le WAKANDA est ce qu’il est : une puissance dynamique, parce que l’homme s’y soumet à la femme qui lui met autour du cou le collier du pouvoir, en signe d’amour et de confiance – et non de soumission hiérarchique. Notre amour doit relever, maintenir et défendre la Nation. Il n’est pas au service égoïste de nos besoins.

SHURI comprend (parce qu’elle sait ce qui se passe dans l’histoire, passée et présente) que la nature réelle du blanc est d’être un colon ou un être à réparer – éventuellement – mais pas un être à nécessairement introduire dans son intimité.

Elle a conscience qu’en tant que Princesse du WAKANDA, elle ne peut être – et ne peut se résoudre – à devenir « l’intérêt amoureux » d’un quelconque blanc de passage au WAKANDA, ou rencontré dans un laboratoire dans lequel elle partage ses innovations technologiques.

 

4/Ainsi donc circulent des « rumeurs » (nous allons bientôt le vérifier dans  Infinity War 4) de relation entre Peter Parker et SHURI (ce seraient tous les deux des adolescents surdoués, ce qui devrait les « rapprocher »).

Dans « Spiderhomecoming », Peter Parker a déjà un « intérêt amoureux » noir, qui est la fille « métisse » du Vautour. Il semblerait que Peter Parker en plus de ses pouvoirs d’arachnide ait aussi celui de séduire toutes les filles noires qui passent à proximité de sa toile (intéressante analogie : l’araignée attrape dans sa toile ses proies ou… sa nourriture, et certainement pas sa compagne).

Dans la perspective raciste qui est celle de notre relation permanente avec le monde blanc, la puissance qu’incarne SHURI (la technologie absolue qu’elle maîtrise) doit être contrôlée et servir le « monde » (et qui domine le monde, et qui le sauve depuis qu’il nous fait son cinéma ?)

Jusqu’à quand allons-nous laisser nos corps, nos esprits et nos émotions être manipulés, appropriés et surveillés ? Jusqu’à quand allons-nous continuer à laisser nos reines et nos princesses devenir des concubines exotiques ou des « intérêts amoureux » (alors que nous étions – sommes – en parfaite harmonie et synergie au WAKANDA ?)

Qu’est-ce qui dans le parcours et l’éducation de SHURI peut expliquer une relation interraciale (rappelons pour ceux qui ont pris le WAKANDA pour un shoot d’adrénaline et non comme un projet politique et culturel, une mémoire et un espoir, que le WAKANDA n’a jamais été conquis, soumis, colonisé, asservi, complétement hermétique aux concepts et canons esthétiques, philosophiques, amoureux, scientifiques, culturels, politiques, économiques, sociaux et spirituels de la domination raciale blanche ?)

Quel intérêt si ce n’est celui de détourner une valeur qui servait son peuple de manière concrète et autonome pour servir l’abstraction qui se fait appeler « humanité », alors que celle-ci est fragmentée, divisée et instrumentalisé pour servir la soif de puissance d’une « civilisation » historiquement identifiée ?

Prenons garde, après avoir entrevu la gloire du WAKANDA, à ne pas nous laisser ramener dans la Plantation, soumise à la loi de ses infâmes pariades.

Si cette relation est avérée dans le projet d’évolution du MCU, j’espère pouvoir compter sur toute la fierté régénérée par BLACK PANTHER pour montrer sans équivoque notre désaccord à Disney et Marvel – et de façon générale, au système de subjugation blanche.

Nous ne retournerons pas dans la plantation des « slave movies » avec des femmes noires (et des hommes noirs) qui, parce qu’ils représentent l’intelligence (ou la prospérité), doivent être récupérés et formatés par « l’amour » de l’homme ou de la femme blancs.

C’est raciste ? Si vous ne comprenez pas les mots que vous utilisez et ne percevez pas la réalité à laquelle ils renvoient vraiment (en préférant les fictions cacogéniques), alors évitez de croiser les bras pour regrouper votre énergie cinétique avant de la renvoyer pour détruire la subjugation qui nous pétrifie tous.

Sauf vous, puisque vous aimez « tout le monde. »

Vous serez le premier Noir (ou la première Noire) à ne pas faire partie de l’expérience historique traumatique et mortifère du Peuple Noir. Un miracle vivant.

 

5/ Dans les comics, SHURI meurt après une violente bataille livrée contre les forces coloniales menées par le Dr Doom (Fatalis en français). Fou de douleur, TCHALLA (qui est aussi de manière très intéressante, vu notre zombification actuelle, ROI DES MORTS) va tout faire pour la RESSUSCITER, la ramener près de lui, parce qu’il faut aimer, servir et sauver celui ou celle qui est de son SANG (avant l’univers entier) pour exercer proprement et légitimement le (son) pouvoir.

Il va réussir grâce à BAST (une des formes de la DIVINITE) et des Ancêtres : elle deviendra une PUISSANCE sans égale, évidemment.

Et sans métisser.

C.K

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