La Pirogue de vie vogue sur l’Utérus aqueux, semence bleue de nuit. Fantasmes masqués baignant de feu végétal les nimbes vaporeuses qui engendrent l’aurore ; cycle des renaissances et des petites morts aux catafalques moites : lieux de matins pourpres, la salive mystique modèle la glaise androgyne. Nous, unis sous la cendre sacrée des noces ardentes ; enfants qui germent à fleur d’eau : géographies rondes de mères corrélées. Générations fécondes brisant l’œuf égrégore…
A chaque génération, sa mission et son choix : accomplir ou trahir. Nous savons quel est le chemin, la vérité et la vie : les Etats-Unis d’Afrique.
Dans les tombes où lèvent les sédiments d’os et de balayures, là vit le rêve.
A travers l’Afrique, Mère à l’Hymen transgressée, saoule de Semence Atlantique – par-delà la houle et le ressac.
Nous rêvons de pouvoir et d’autorité : nos voix parlent et le silence écoute.
Lumumba, N’Krumah, Sankara, Cabral, Mandela, Malcolm X : âmes-gorées chevauchant les eaux avides ;
de l’Onde-Noun naquit la conscience dynamique à l’éternité mouvante…
Présidents d’Afrique, vos catéchises ne sont pas éteintes : feux qui illuminent la nuit du monde, espoir qui protège nos frondes – lumière dans les ténèbres, souffles qui régénèrent nos ombres tuméfiées.
Ors des flambeaux, extase des noires vigueurs, syncopes hallucinées et détresses jubilatoires.
Partout, notre mémoire oblitérée : de tumultes et d’agonies sur la poussière mêlée d’immondices.
Les morts avalent la terre et vomissent la vie.
La voix dit, la voix pense, la voix transe.
L’unité de l’Afrique : un amas d’étoiles condensées dans l’énergie pure d’un poing levé.
L’Africain : zénith couché envoûté à l’aube qui grésille.
Au couchant – qui est aussi Levant – silhouettes hélicoïdales gémissent à l’horizon qui tourne comme une roue.


C.Kotto

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