EPISODE 3

La conscience ne doit pas dormir, comme disait l’autre… Et quand la conscience dort, ce n’est pas de n’importe quel sommeil. La léthargie – une forme de mort qui peut devenir définitive.
Je n’ose vous parler de conscience morte renfermée…

Comme beaucoup, je suis fan de super-héros. Plutôt Marvel que DC, mais je ne suis pas regardant. De bons personnages qui nous parlent, de bonnes histoires qui excitent l’imagination et nous portent plus loin que la plus lointaine des portes des étoiles. Reliés aux pierres de l’infini, pour faire connaissance avec des entités plus puissantes que la puissance. Des êtres capables de pourfendre l’univers et de recréer les dimensions.

Nous avons tous nos préférés : Black Panther, Captain America, Iron Man, Spider-Man, Wonder Woman, Batman, Superman, les Vengeurs, les X-Men… Et la liste est infinie, aussi multiverse que peut l’être l’expansion du rêve et de la créativité.

Nul n’est cependant naïf pour croire que le monde des comics est vierge de toute pandémie raciale – ou racialiste. Il est d’évidence que ce monde est une création culturelle occidentale et que la plupart des super-héros sont blancs. C’est un fait qui ne souffre d’aucune discussion. Et pour tout dire, ce n’est pas un sujet.

Il est normal et naturel de créer en fonction de soi et de la manière de se considérer soi et le monde autour de soi. La création est une extension de son paradigme qui a pour prétention de conquérir les zones négatives qui se montrent réfractaires à cette expansion. Galactus – le dévoreur de planètes et d’esprits – a besoin de hérauts, et nous sommes entourés et absorbés par ces avatars qui ont naturellement pour épiderme, culture, civilisation, religion, et vision celles de leur(s) créateur(s.)

C’est pourquoi il est vain et stérile de reprocher à un créateur d’investir sa création de sa substance propre. Même Dieu nous a créé à son image….

La vraie question est plutôt d’interroger le manque de créativité de ceux qui veulent absolument exister dans la création de quelqu’un d’autre. Sans faire la preuve – et l’effort – d’une œuvre autonome.

Personnellement, je suis fatigué des Noirs qui comptent des Noirs partout où il est évident que c’est une perte de temps et d’énergie. C’est même souvent contre-productif et réducteur pour un peuple qui a la capacité de se transcender. Pour peu qu’il compte pour lui-même.

Il n’y a donc rien de problématique à s’imaginer plus grand que soi-même. A se parer de pouvoirs. A se doter de capacités qui vous font guides et protecteurs de l’univers. Jusqu’à un certain point : quand ce que vous imaginez rejoint les réalités coercitives qui emprisonnent – et empoisonnent – les enfants du soleil. Un peu comme les sentinelles pourchassent, séquestrent, ou tuent les enfants de l’atome que sont les mutants.

Quand votre création légitime et explique les « homo superior » et les « homo inferior ». Définit ce qu’il faut être et ce qu’il faut penser. Ce qu’il faut accepter et ce qu’il faut rejeter.

Rejoindre Genosha devient un impératif. A moins de succomber aux guerres civiles qui opposent légalistes et rebelles.

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Dans les comics dits « mainstream », nous savons qu’il existe des êtres issus de ce qu’il est convenu de nommer la diversité. Notamment des personnages Noirs souvent très éloignés de ce que les Noirs pensent d’eux-mêmes. Pour une raison essentielle : ce que vous ne créez pas à votre image s’appelle un cliché. Et dans le langage courant, une représentation. Une image. Une perception. Et cette représentation n’est jamais satisfaisante pour ceux qui sont symbolisés et à qui il est interdit – ou qui s’interdisent – de se figurer eux-mêmes en exploitant leur propre conscience cosmique.

Nous connaissons tous ces personnages pour le moins problématiques, sur papier comme sur grand – ou petit écran. La Panthère Noire, Black Lightning, Luke Cage, Firestar, Cyborg… Ils sont souvent Noirs-vitrine ou Noirs-miroir sans tain. Ils répondent le plus souvent à une problématique politique et sociale récupérée, digérée, puis résolue par le miracle des mutations et des voyages intersidéraux.

Le problème n’est pas pour autant réglé – il ne le peut pas. C’est tout le dilemme qui oppose Charles Xavier à Erik Lensherr : s’intégrer ou se séparer. Il se « métisse » pour être mieux brouillé…

Une autre technique d’enfumage consiste à noircir ou à féminiser des personnages emblématiques (ou non) pour nous faire croire que tout est question d’évolution.

Alors que tout ce bricolage démontre, au mieux, le manque de créativité et d’originalité. Et, au pire, la plus infecte manipulation qui puisse exister dans le monde de la représentation (et des représentations.)

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Mais là où le brouillage échoue lamentablement, là où la fonction de manipulation mentale des comics (déclinaison du pouvoir médiatique et de ses masturbations subliminales) apparaît dans toute sa splendeur, c’est quand cette industrie veut imposer des personnages des « nouvelles » diversités voyantes et triomphantes.

1/Il a existé une série de comics « The World Of Wakanda » qui narre les aventures de Ayo et Aneka, deux Dora Milaje lesbiennes et féministes (je ne serai pas surpris de les voir apparaître dans Black Panther 2. Avec l’autre obsession, également déclinée en comics, comme en série : l’union interraciale entre l’homme blanc et la femme noire.)

2/La plus puissante entité de l’univers est, selon les jours, Le Phénix ou Captain Marvel, deux femmes… blanches (alors que dans les comics, Monica Rambeau, femme Noire, est la Captain Marvel féminine initiale.)

3/Les « Eternals », prochain blockbuster Marvel, communique beaucoup sur le premier baiser gay du MCU… Entre Phastos (joué par un Noir, Brian Tyree Henry) et son… mari joué par l’acteur Haaz Sleiman, défini comme « un homme gay, musulman et arabo-américain » (voir : www.allocine.fr : « The Eternals mettra en scène le premier baiser LGBTQ du MCU.»/Voir : www.people.bfmtv.com : « The Eternals : un acteur raconte les coulisses du premier baiser gay de Marvel. »)

4/Dans « Avengers / Endgame », il y a un « bref personnage gay » ou bisexuel (dont les scènes ont été coupées du montage final) qui est Valkyrie, interprétée par « l’actrice noire » Tessa Thompson, qui ne fait pas (plus ?) mystère de ses « préférences » (voir : www.komitid.fr : « Tessa Thompson fait son coming out bi et en dit plus sur sa relation avec Janelle Monae.»/Voir : www.elle.ci : « Tessa Thompson et Janelle Monae en couple. »)

5/La fille de Black Lightning, Anissa/Thunder, est… lesbienne interraciale.

6/La copine de Batwoman la rouquine est… noire.

7/Dans la « vraie » vie, Dwayne Wade, ancienne gloire de la NBA, transforme (avec la collaboration active de son épouse, Gabrielle Union) son garçon de 12 ans, Zion, en…  jeune fille, Zaia (voir : www.mcsport.bfmtv.com : « Dwayne Wade soutient son fils de 12 ans qui souhaite devenir une fille »/Voir : www.huffingtonpost.fr : « Dwayne Wade prend la défense de son fils de 12 ans moqué pour ses faux ongles »/Voir : www.purepeople.com : « Dwayne Wade : faux-ongles et petit top, son fils de 12 ans moqué »)

8/La même… problématique existe également à propos du fils de Magic Johnson, EJ (voir : www.amomama.fr : « EJ, le fils de Magic Johnson, trace son propre chemin dans la mode et le divertissement. »)

9/Billy Porter, acteur-chanteur, icône Queer noire, se promène sur les tapis rouges (et dans les émissions destinées à la jeunesse, comme Sesame Street) habillé en… femme. Il est pressenti pour jouer la… gentille fée, marraine de Cendrillon dans le remake du célèbre conte (voir : www.femina.fr : « Billy Porter va jouer la bonne fée marraine de Cendrillon »/Voir : www.huffingtonpost.fr sur la 77 ème cérémonie des Golden Globes du 05/01/2020.)

10/Pharrell Williams incarne la « nouvelle masculinité » en posant en robe sac de couchage informe à la une de GQ…. (voir : www.gq.com : « Pharrell Williams on evolving masculinity »/Voir : www.hypebeast.com : « Pharrell Williams GQ’s new masculinity »)

11/Alicia Keys emmène son fils de 4 ans, Genesis, se faire les ongles dans les salons de beauté… (voir : www.parents.fr : « Alicia Keys encourage son fils à assumer ses ongles arc-en-ciel »/Voir : www.madame.lefigaro.fr : « En vidéo, l’excellent plaidoyer d’Alicia Keys pour que son fils de 4 ans se vernisse les ongles »)

12/Charlize Theron adopte un garçon noir qu’elle habille en… petite fille, sous prétexte que c’est le désir et la volonté de cet (cette ?) enfant…. (voir : www.lci.fr : « Charlize Theron : son fils Jackson lui a dit qu’il était une fille/A 3 ans, son fils Jackson lui a annoncé qu’il était une fille. »)

13/Ce qui est cohérent avec la campagne qui veut que même les petits garçons peuvent (doivent ?) être aussi des princesses. » (Voir site : www.boyscanbeprincessestoo. com/Voir www.boredpanda.com : « Photographer urges parents to drop gender stereotype norms and let kids dress up however they want. »)

Il s’agit de « faire avancer les mentalités » et de « briser les barrières », n’est-ce pas ?

Surtout chez certains sous-développés.

 A croire, en effet, que ce sont les Noirs qui sont le public prioritairement visé pour infléchir la (leur ?) perception des orientations sexuelles alternatives.

 A croire que ce sont les Noirs qu’il faut prioritairement convertir à la nouvelle religion pansexuelle dans le Sodome et Gomorrhe 2.0 dans lequel nous vivons.

Ce qui s’appelle un agenda.

Ce que nos frères et sœurs de la diaspora consciente désignent comme une « homosexualisation forcée de la communauté noire. »

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Et pour rendre les choses encore plus évidentes, Marvel lance (ou doit lancer) sur le marché la série des « New New Warriors » mettant en scène la plus étrange et la plus catastrophique équipe de super-héros qui ait jamais vu le jour.

 Screentime, l’asiatique, sorte de Cyclope connecté, espèce de smartphone sur pattes qui tient ses pouvoirs d’un « gaz internet » expérimental (?)

B-Negative, bébé transfusé par du sang infecté, est un vampire gothisant, version rajeunie de Morbius.

Trailblazer, l’amérindienne, une jeune fille souffrant de surpoids, dont les aptitudes proviennent d’un … un sac à dos « d’origine divine » hérité de son grand-père.

Et les Noirs, les pires.

Deux jumeaux non binaires (qui sont, à la fois, garçon et fille ou alternativement fille ou garçon ou qui ne se définissent pas comme tels. La fille en bleu, jusqu’aux cheveux, et le garçon, en rose, cheveux compris.) 

Leurs noms ?

SnowFlake (littéralement, flocon de neige) qui possède le pouvoir de produire et de projeter des shuriken de glace.

Safespace (littéralement, espace de sécurité, zone de confort) qui est capable de générer des champs de force – uniquement lorsqu’il protège quelqu’un !

Il faut vraiment être inconscient, ou très confiant dans son pouvoir et ses privilèges, pour se permettre de créer un personnage noir appelé… flocon de neige, quand on est blanc (puisque le créateur de ces nouveaux héros est blanc : Daniel Kibblesmith.)

Pouvoir et privilèges qui peuvent se décliner ainsi :

  • Je suis en capacité d’imposer ma vision du monde à l’univers.
  • Je suis en capacité de faire que la représentation que je me fais de vous soit aussi celle que vous avez – ou aurez – de vous-même.
  • J’ai les moyens de faire de l’ingénierie sociale pour altérer vos perspectives et vos aspirations. Pour bouleverser totalement vos convictions/constructions mentales, spirituelles, et culturelles.

Il nous sera dit qu’il s’agit de « modernité ». De « justice sociale », de « bienveillance » et de « respect mutuel.» (Voir www.comicsblog.fr : « Marvel présente les nouveaux New Warriors. »)

Pas de traductions littérales.

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Je suppose que tout ça, c’est pour se foutre de la gueule de quelqu’un, non ?

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S’il est si normal d’être différent – de ces différences là – pourquoi ne pas laisser le monde Noir évoluer sur la question en fonction de ses principes et de ses valeurs (il nous en reste quelques-uns) ? En fonction de sa propre grammaire ? De sa propre compréhension ? Selon sa propre dynamique ? Son propre mouvement ?

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La conscience ne doit pas dormir.

Je m’en retourne à mon confinement actif/passif devant Netflix et vais me regarder un feuilleton polonais, ou un film espagnol (dans lesquels, curieusement, nous retrouvons les mêmes représentations racistes avec les mêmes récurrences narratives et discursives, comme une leuco-langue universelle, à la fois consciente et inconsciente.)

J’y rencontrerai sans doute des femmes masculines, des hommes efféminés, des sexualités multiples, le lot habituel de tueurs en séries, de meurtres, de sang, d’enquêtes plus ou moins réalistes, plus ou moins résolues, d’approximations, d’intrigues bancales ou précises, et, donc, le contingent classique de minorités imaginées qui nous fait croire que nous existons, libres et… « aimés. »

C.K

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